Comptines et enfantines
A quelle occasion chanter les comptines et les enfantines au bébé ?
Ce qu’on appelle aujourd’hui enfantines s’appelaient avant les « jeux de nourrice ». Les comptines et enfantines sont indissociables du lait et des soins que l’on donne à un petit enfant. Ça se fait naturellement au moment où la mère donne les soins au bébé, quand elle le sèche après le bain par exemple, elle joue « la petite bête qui monte, qui monte, qui monte» le long du corps ou du bras…
Les comptines et enfantines peuvent être jouées par toute personne qui assure une fonction maternelle auprès de l’enfant : sa mère bien sûr mais aussi son père, une grand-mère, une auxiliaire à la crèche ou une assistante maternelle… C’est d’ailleurs parfois les professionnelles de la petite enfance qui font redécouvrir les comptines aux parents.
Justement, comment se transmettent ces comptines ?
C’est difficile de dater les comptines car elles relèvent de la tradition orale et représentent un genre littéraire très discret, considéré comme mineur. On a pu toutefois repérer que « À cheval gendarme » remonte à la guerre de cent ans, que l’enfantine de visage « Menton rond, bouche d’argent, nez cancan » trouve sa source dans un poème de la Renaissance.
Les comptines se transmettent de génération en génération sans avoir été écrites. Elles se transforment alors et continuent d’évoluer. Aujourd’hui cette transmission change toutefois un peu, les comptines font leur entrée dans les livres et l’écrit a tendance à fixer la petite forme traditionnelle. Certaines collections comme Pirouette de Didier Jeunesse font toutefois vivre les comptines en se permettant d’inventer de nouveaux couplets.
On vit désormais de manière un peu différente, les générations ne se côtoient plus dans le même village ou la même maison, et la transmission n’est plus aussi facile qu’avant.
Et si le lien a été rompu, que les comptines ont été oubliées…
Parfois les parents n’ont pas eu la chance d’avoir entendu des comptines dans leur enfance. La transmission va donc se faire par l’intermédiaire des professionnelles de la petite enfance et grâce à la richesse de l’édition musicale.
Il arrive aussi que les parents n’osent pas se mettre dans cette situation qui demande de prendre du temps et de s’accorder à la vie imaginaire de son enfant. Ces moments heureux qu’ils ont vécus dans leur enfance ont été passés aux oubliettes... Ils n’ont plus la disponibilité nécessaire et ne s’autorisent pas cette régression : ce n’est pas si facile pour des adultes de revenir dans la communication infra verbale.
Après les enfantines, vient le temps des comptines
Quand l’enfant entre à l’école, les comptines sortent de la sphère familiale pour entrer dans la sphère sociale. Les comptines se colportent dans les cours de récréation à l’école primaire et maternelle, au centre de loisirs et dans une moindre mesure au sein de la classe. Les animateurs sont des maillons de transmission importants des comptines car elles restent avant tout associées au jeu. Pour les plus grands, la comptine est chantée plutôt dans le dos des parents, elle forge alors chez eux un sentiment d’identité les liant dans leur génération d’enfants. Elle leur offre aussi comme un espace de liberté, de transgression où les enfants s’autorisent un langage grossier, interdit à la maison tout comme à l’école. En sixième, les enfants parfois continuent à les dire mais sur des airs de rap…
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