Les berceuses
Marie-Claire Bruley et Lia Tourn* montrent comment les chansons enfantines nous renseignent sur notre culture. Elles proposent une analyse passionnante des berceuses. En France, la berceuse est liée à l’existence du berceau et au bercement. Les berceuses, telles que nous les connaissons (musique douce, paroles apaisantes…), ne sont pas un genre universel. Dans d’autres pays, les berceuses sont plus rythmées et chantées d’une voix forte. Le berceau non plus n’existe pas dans toutes les cultures, dans d’autres pays, les femmes gardent le bébé prés d’elles grâce à des tissus…
Mais, même en France, le berceau n’a pas toujours eu bonne presse, il a été condamné à plusieurs reprises au cours des derniers siècles. Berceau et bercement sont encore parfois considérés comme nocifs puisqu’ils risquent de rendre l’enfant trop dépendant de ses parents pour s’endormir…
En l’analysant, elles souhaitent redonner sa place à la berceuse: « En s’endormant, l’enfant se retire de la continuité de la vie. Pour atténuer l’angoisse de cette coupure, les berceuses l’inscrivent dans un devenir : elles mettent en mots ce qui se passe pendant son sommeil et ce qui l’attend à son réveil. »
Elles rappellent aussi le caractère universel des berceuses qui « garantissent à la fois une présence maternelle auprès de l’enfant lors de la séparation imposée par le sommeil et en limitent les excès. »
Il est des rituels qu’on met en place avec un tout petit et qu’on abandonne ensuite progressivement. Bercer un tout petit ne signifie pas bercer un enfant de 4 ans quotidiennement. Bercer ne signifie pas non plus rester avec son enfant tous les jours jusqu’à ce qu’il s’endorme…