Raconter des histoires aux enfants
Raconter des histoires à la maison, à la crèche, à l’école, à la bibliothèque…
A la crèche avec Isabelle
« Raconter une histoire en crèche peut être soit un moment privilégié, un adulte avec un enfant si celui-ci le demande, soit un moment partagé en groupe avec la présence d'un adulte. Il arrive aussi qu'un enfant choisisse un livre et le raconte à ses copains et copines...
A la crèche nous avions installé un petit coin bibliothèque bien à l'abri des autres coins activités. Un coin calme. Un canapé, deux fauteuils, un tapis, des coussins au sol, un meuble bibliothèque où l'on avait installé quelques livres toujours à la disposition des enfants.
La manière d'amener les enfants vers les livres est importante. Inviter les enfants à écouter une histoire et non pas les obliger, permet de mieux partager cet instant.
Choisir le bon moment aussi. Raconter une histoire doit être un moment de plaisir pour tout le monde.
L'adulte qui raconte reste à l'écoute de tout ce qui se passe autour de lui.
Par son regard, sa manière de raconter, son désir de partager ou non l'instant et les mots, l'adulte invite ou non les enfants à venir ou à ne pas revenir dans cet espace et vers les livres.
Certains enfants sont allongés sur le tapis, d'autres assis sur le canapé ou les fauteuils. Certains tiennent leur doudou, sucent leur pouce ou leur tétine. Quelques fois, ils connaissent l'histoire par coeur et participent avec leurs propres mots ou gestes. Quelques fois ils retiennent leur souffle, lorsque l'histoire fait un petit peu peur. D'autres fois encore, ils rient aux éclats, reprennent les mots ou les phrases qui se répètent. A cet instant précis, tout le monde, adulte et enfants, est à l'intérieur de l'histoire. Raconter une histoire c'est partager un instant de plaisir. »
Delphine transforme sa maison en théâtre
Quand Delphine raconte des histoires aux enfants pour les anniversaires de ses filles, sa maison prend presque des allures de théâtre ! Elle choisit des histoires du répertoire oral traditionnel, bien connues des enfants. Elle propose à certains enfants de mimer l’histoire (elle commence en général par ses propres enfants qui connaissent le procédé et montrent aux autres comment faire) et elle commence à raconter. Etant très à l’aise, elle raconte sans support écrit, mais cela peut aussi se faire avec un livre.
Au fur et à mesure du déroulement de l’histoire les personnages apparaissent et les enfants miment les actions des personnages qu’ils représentent. En général les enfants entrent vraiment dans le procédé et sont très expressifs. Succès assuré avec des histoires faciles à mimer comme le petit chaperon rouge. Cela peut prendre aussi des proportions importantes si on entame un conte comme Cendrillon. Les enfants sont ravis car il y a beaucoup de personnages, mais cela complique pas mal l’organisation !
Elsa raconte des histoires à ses élèves au collège
« Il m’arrive de commencer la lecture d'un nouveau livre en classe quand je pense que mes élèves auront du mal à le faire seuls. Cela peut être pour plusieurs raisons : soit parce que l'histoire est complexe, même pour de "bons lecteurs", soit parce que je commence à connaître une classe dont les élèves ne sont pas très attirés par la lecture, ou tout simplement parce que le livre est "gros" et d'emblée les rebute...
Je prépare ma lecture en lisant à voix haute, en essayant de trouver la respiration du texte (les accélérations, les ralentissements ou même les pauses rendent le texte plus clair). Je ne cherche pas à "jouer" le texte en mettant un ton trop prononcé, j'essaie plutôt de rester neutre. Pendant ma lecture, j'aime les regarder (un simple coup d'oeil sans interrompre la lecture) pour voir si le texte les prend : s'ils le subissent ou au contraire s'ils entrent dans l'histoire. J'aime aussi juste entendre des petites réactions d'étonnement, d'amusement, de colère ou de dégoût.
Je m’interromps parfois pour leur demander ce qu'ils ont compris ou ce qu'ils ne comprennent pas... mais pas trop souvent pour que le fil ne soit pas coupé. Ces temps de lecture ne sont jamais trop longs (15 à 20 minutes au maximum). Souvent ils sont déçus que je m'arrête (en général à un moment choisi pour leur donner envie de continuer seuls). Hélas, je n'ai pas le temps de le faire très souvent (les minutes sont comptées dans l'enseignement au collège!). C'est dommage car cela fonctionne très bien avec mes classes (de la sixième à la troisième), les élèves adorent qu’on leur raconte des histoires! »
A la bibliothèque, Pascale emmène les enfants au pays des histoires
Pour Pascale, il y a plusieurs techniques : « on peut raconter à un groupe d’enfants ou alors raconter pour un seul enfant tout en laissant d’autres enfants s’installer autour de vous. »
Elle explique : « A la fin de l’histoire si les enfants ne disent pas un mot, on se sent un peu mal à l’aise, on se demande ce que l’on vient de faire ! C’est pour cette raison qu’on a souvent tendance à vouloir les faire parler après une histoire. Mais je pense que quand on les fait parler, c’est surtout pour nous rassurer, nous les adultes ! »
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